CALMETTE Pierre
Né le 6 janvier 1925, résistant, membre du PCF depuis
1946, membre du comité fédéral de l’Hérault
(1948-1953), journaliste à La Voix de la Patrie (Hérault)
entre 1949 et 1953, chef adjoint du service d’information du mouvement
international de la Paix (1953-1956), accrédité à
la Présidence de la République, à Matignon et à
l’Assemblée Nationale comme représentant de la presse
communiste et progressiste de province pour l’agence UFI (Union
française d’information) de 1956 à 1971, chef-adjoint
du service politique de L’Huma Dimanche (de la création
en 1971 à 1982). Membre du syndicat CGT du bâtiment (1947-1948),
membre du comité national des journalistes CGT en 1971. Au début
des années 60, chroniqueur régulier de la revue mensuelle
de la ligue de l’enseignement Pourquoi ? sous le pseudonyme de
Pierre Say. Écrivain.
Pierre Jacques, Louis, Calmette – les deux
derniers prénoms sont ceux des parrains, selon la tradition de
sa famille catholique – naquit le 6 janvier 1925 à Laurens
(Hérault), un village à une vingtaine de kilomètres
au nord de Béziers. Son père, Jean Calmette, né
à Viane (Tarn) le 2 octobre 1890, était « ramonet
», domestique agricole chargé de l’entretien des
chevaux, chez des « moyens propriétaires » pour reprendre
l’expression de Pierre Calmette. La famille de son père
était originaire du Tarn, du canton de Lacaune et de celui d’Alban.
Dans l’Hérault, venant de la montagne, ils étaient
considérés comme « gavaches ». Sa mère,
Augustine Canac, sans profession à la naissance de Pierre, née
le 11 juillet 1892, avait servi comme bonne quelques années dans
cette famille, quand elle était « descendue » des
monts de Lacaune dans le Tarn vers le « Pays bas » pour
vendanger en 1907. Les Calmette avaient trois enfants, Pierre et deux
filles, Jeanne et Suzanne. Jusqu’en 1936, le père votait
socialiste mais avec beaucoup de méfiance. Lors d’une grève
des ouvriers agricoles de l’Hérault à la fin du
mois de mai 1936, un grand rassemblement de 20 000 personnes fut organisé
à Béziers par la CGT. Le père qui s’occupait
d’un cheval fit des grèves symboliques mais participa au
meeting. Quand il revint du rassemblement, il avait l’impression
d’être trahi, le député socialiste élu
en 1936, Fernand Roqueyrol, ne s’étant pas déplacé.
À partir de ce moment-là il vota communiste. Sa mère
suivait les orientations du père mais elle était de tradition
catholique.
Pierre Calmette fit sa première
communion au moment du Front Populaire à l’église
de l’Immaculée Conception à Béziers. Poussé
par sa mère, il fréquenta le Cours complémentaire
Louis Blanc pour préparer le concours de juin 1942 afin d’entrer
à l’École normale. Il fut premier sur la liste complémentaire,
mais l’École Normale fut supprimée par le régime.
Il intégra une première au lycée de Béziers
la veille du débarquement en Afrique du Nord. Il passa la première
partie du baccalauréat en 1943. Il rentra au maquis, à
dix-neuf, en juillet 1944, après le débarquement. Il rejoignit
le groupe Patrice des FFI du Tarn. C’était un groupe formé
par l’Armée Secrète. Patrice, de son vrai nom Vasseur,
était commandant et avait les galons de lieutenant-colonel dans
la résistance. Certains résistants du groupe étaient
des mineurs polonais, déplacés du nord vers les mines
de Carmaux en 1940. Pierre Calmette fut affecté à la 5e
compagnie dont il devint le secrétaire. Les combats contre les
Allemands n’eurent lieu que lors de la libération d’Albi,
le 19 août. Trois jours après, une colonne allemande chercha
à traverser Albi pour rejoindre Millau et la vallée du
Rhône. Elle fut attaquée par les FTP qui occupaient le
lycée. Il y eut une vingtaine de morts. Après la libération,
les résistants restèrent sur place à Albi et signèrent
un contrat d’engagement, en octobre, seulement « jusqu’à
la fin des hostilités contre l’Allemagne ». Le groupe
Patrice forma un bataillon, le 1er du 15e RI. Il fut envoyé sur
l’Adour en novembre 1944 à Peyrehorade, ensuite sur le
front de La Rochelle où il n’y avait pas de combats. Ce
n’était pas le cas sur le front de Royan où le bataillon
combattit en janvier 1945. Il fallait dégager la Gironde. Le
5 janvier 1945, une escadrille disproportionnée de la RAF bombarda
Royan. La ville fut rayée et il y eut 1 200 morts. En mars-avril
1945, on envoya Pierre Calmette aux Sables-d’Olonne suivre un
stage de formation de sous-officier. Le 15 avril, il fut renvoyé
sur le front de Royan, bombardée au napalm par les Américains.
Il arriva après la bataille. En août, secrétaire
de sa compagnie, il fut mis en congé pour poursuivre ses études.
Il trouva du travail chez un ingénieur des Ponts-et-Chaussées
et prépara le bac par correspondance. Il passa la deuxième
partie du bac en juin 1946, une session spéciale réservée
à ceux qui avaient interrompu leurs études en 1944. Il
ne put pas continuer en histoire à l’Université
: il dut travailler.
Il adhéra au PCF entre
les élections législatives et les élections au
Conseil de la République (novembre 1946). Il était un
militant acharné et membre du secrétariat départemental
de l’Union de la Jeunesse républicaine de France. Après
les grèves de 1947, en janvier 1948, à 23 ans, il fut
élu au comité fédéral du PCF de l’Hérault
avec un groupe de jeunes. Il travailla dans un centre de formation accéléré
du bâtiment à Béziers, pour être métreur,
une idée du syndicat CGT du bâtiment. Il était secrétaire-adjoint
du syndicat CGT du bâtiment de l’école dans laquelle
il y avait 60 jeunes de l’UJRF sur 140 élèves. En
1949, par l’intermédiaire de Paul Balmigère, ouvrier
agricole résistant, responsable de la fédération
PCF de l’Hérault, Louis Mardon, un instituteur directeur
du journal du Front National de Montpellier, créé au printemps
1943, La Voix de la Patrie, l’embaucha comme secrétaire.
Il passa à la rédaction et devint journaliste. Il se maria
le 8 septembre 1951 à Béziers avec Lucienne Béhar,
fille d’une famille juive sépharade du Maroc. Lucienne,
étudiante à la faculté de pharmacie de Montpellier,
était responsable de l’UNEF et avait adhéré
à l’Union de la Jeunesse Républicaine de France
et au Mouvement de la Paix dont elle sera, à 20 ans, l’une
des dirigeantes des étudiants montpelliérains.
Le journal fut arrêté en février 1953. Certains
journalistes furent transférés à La Marseillaise.
Balmigère l’envoya à Paris, chez les cadres du Parti,
rue Le pelletier et, là, on lui proposa de partir avec un contrat
de trois ans pour travailler à l’étranger au conseil
mondial de la Paix qui venait de se créer, en tant que chef adjoint
du service d’information du mouvement de la Paix. Il partit d’abord
à Prague puis à Vienne. C’était la grande
période du Mouvement : l’appel de Stockholm avait reçu
des millions de signatures, il y avait eu la campagne contre le réarmement
de l’Allemagne. En 1956, il revint en France au moment des événements
de Suez et de Hongrie. Il était au service du parti et on l’envoya
comme accrédité à la Présidence de la République,
à Matignon et, à l’Assemblée Nationale, comme
représentant de la presse communiste et progressiste de province
pour l’agence UFI (Union française d’information
dirigée par des communistes). Il y resta jusqu’en 1971
et participa alors à la création de L’Huma Dimanche
comme chef-adjoint du service politique Il y resta jusqu’au 1er
avril 1982, date à laquelle il prit sa retraite. Il fut membre
du comité national des journalistes CGT en 1971. Au début
des années 60 pendant cinq ou six ans, il fut chroniqueur régulier
dans la revue mensuelle de la ligue de l’enseignement Pourquoi
? Il écrivit des articles d’histoire, liés
à l’actualité, mais sous des pseudonymes (Pierre
Say). En 1956, sa femme entra comme pharmacienne de recherche chez Thérapix
jusqu’en 1981, date de sa mort à 51 ans. Ils eurent une
fille Sylvie, né en 23 août 1958, éducatrice spécialisée
à la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Pendant sa période professionnelle, il fut toujours membre du
PCF. Dans les années soixante, il refusa d’être candidat
aux élections cantonales dans le Val d’Oise, sur le canton
d’Ecouen. En 1989, au lendemain des élections municipales,
élections perdues par la gauche, le titre de L’Humanité
« Grande victoire », le fit bondir. Il démissionna
du parti mais continua de faire le journal de la cellule de Blanquefort
(Gironde). Il reprit sa carte quand il s’installa à Lunel
(Hérault) en 1995. Depuis 2006, il vit chez sa fille à
Banyuls-dels-Aspres, dans les Pyrénées-Orientales. À
la retraite, il a écrit plusieurs livres d’histoire familiale
et personnelle, retrouvant l’occitan de son enfance.
Prix Prosper Estieu de l’Académie du Languedoc pour Vie
et mort de personne.
Œuvres : Méchante Fumée au logis – Michant
Fum a l’ostal, Clermont-l’Hérault, Les Ateliers
de la licorne, 1994 ; C’était si loin Paris…,
Clermont-l’Hérault, Les Ateliers de la licorne, 1998 ;
Mémorable Bugade, énigme policière à
l'ancienne, Les Ateliers de la licorne, 2000 ; Vie et mort
de personne, Valence-d’Albigeois, Vent Terral, 2001 (Prix
de l’Académie du Languedoc) ; L’Innocent –
Lo Salvatjon, Valence-d’Albigeois, Vent Terral, 2002 ; Le
Secret de la pierre plantade, Lattes, Ed. Esmeralda, 2004 ; La
Bague à mi-doigt, Nages, Centre de recherche du patrimoine
de Rieumontagne, 2007 ; Noces de pomme de terre, Nages, Centre
de recherche du patrimoine de Rieumontagne, 2007.
Sources : Entrevue avec l’intéressé le 17 novembre
2010 ; extrait d’Acte de naissance de la mairie de Laurens (Hérault)
(1953) ; engagement dans l’armée française (1944).
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